Première fresque des hospitalités marseillaises.

Fresque des hospitalités marseillaises. Jeanne Chiche 2025 ©

Mercredi 4 juin, nous avons réalisé la première fresque des hospitalités marseillaises avec au programme une matinée en balade dans le Marseille hospitalier de 2025 pour ensuite partager un repas hospitalier suivi de l’écriture collective de la fresque des hospitalités marseillaises de 2026 à 2032. Une journée dont voici le récit.

Pour notre première Fresque des hospitalités marseillaises nous étions 80 personnes à fabriquer une ville hospitalière à La Fabulerie.

L’hospitalité a d’abord été entre nous, personnes concernées par l’accueil qu’il soit social, touristique, collaboratif, solidaire ou collectif, que nous soyons professionnels, hôtes, élu·es, fonctionnaires, universitaires, collectifs d’habitants et réseaux d’accueil.  

A partir de nos mandats, de nos secteurs professionnels, de nos engagements politiques et de nos prérogatives, nous avons travaillé autours d’une même ambition : que chaque personne se sente attendue, désirée et bienvenue à Marseille dans un souci d’humanité et de justice sociale et écologique.

Nous avons abordé ce qui nous concerne tous : le premier accueil, l’accueil chez l’habitant, l’accueil collectif et l’accueil comme soin. Nous avons documenté la situation actuelle, identifié des points de vigilance et fabriqué des pistes de politiques publiques hospitalières.

Fabriquer une ville hospitalière nous a obligé à sortir des approches qui séparent les hôtes – voyageurs comme accueillants – entre eux et à penser les coopérations possibles entre hôtes, entre institutions et hôtes et entre services municipaux. 

Trois balades sur les hospitalités marseillaises

Pour ouvrir nos imaginaires et partager in situ nos enquêtes sur les hospitalités marseillaises, nous sommes partis en balade dans le Marseille hospitalier de 2025 à Belsunce, Bon-Secour et Saint-Antoine.

Passagers de Belsunce

Belsunce a toujours été un quartier de passage, de transit, d’accueil de migrations, une zone frontière entre les quartiers aisées au sud et les quartiers ouvriers et industriels établis au nord de la ville, une zone frontière aussi, entre le port et la gare.

Nous sommes allées à la rencontre des passagers de Belsunce d’hier et d’aujourd’hui : étudiants, jeunes travailleurs, visiteurs arrivant à la gare, migrants, personnes précaires en hébergement temporaire d’urgence, touristes de classes sociales aisées, trabendistes.

L’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires était le lieu de départ de la balade. Des étudiants qui arrivent depuis toute la France et même de l’étranger chaque année. Où se logent-ils ?

A l’association d’aide aux jeunes travailleurs, Luisa et Vanessa nous ont accueilli pour nous raconter qui sont les personnes qui arrivent chaque année au service Maison d’enfants à caractère social et au service Centre d’accueil de demandeurs d’asile.

Image Stéphanie Mousserin

La gare Saint-Charles, accueille chaque année 17 millions de visiteurs : qui sont-ils ? où se logent-ils? que les fait venir ?

Toufic, gérant de l’hôtel Richemond, nous a accueilli très aimablement dans la cuisine de son hôtel, 14 chambres à destination d’un public qui ne trouve pas de place dans les hébergements d’urgence. L’intermédiaire est le Service intégré d’accueil et d’orientation.

L’enseigne du Touring Hôtel raconte un hôtel médaillé il y un un siècle par l’association Touring-Club de France qui a joué un rôle majeur dans le développement du tourisme et des usagers de la route notamment à travers la création de l’automobile club de France.

Gazim, commerçant originaire de Damas de la rue des Baignoires nous a raconté l’atmosphère spéciale dans les années 80 à Belsunce avec le trabendo, un souk qui a généré plus de bénéfice que les deux shopping malls du Centre Bourse et de Bonneveine ensemble.

Un peu comme Michel Peraldi l’a décrit dans son livre « Cabas et containers » : « Foule compacte qui déambule, ballet des porteurs et des convoyeurs, va-et-vient des taxis informels, des démarcheurs, vendeurs de secret et faiseurs d’affaires, prostituées, mendiants, navettes d’enfants et adolescents portant thé et café autours desquels se concluent les affaires, foule d’hommes et de femmes constamment chargés de paquets, groupes d’amis, bandes, familles : le lieu est classiquement, intrinsèquement, urbain lorsque la densité des flux humains, la compacité du mouvement, l’intensité des bruits, de la rumeurs, architecturent la ville autant que les pierres et le dessin des rues. »

Image Stéphanie Mousserin

Les passagers à Belsunce ont forgé une identité de quartier forte qui reste encore très visible aujourd’hui, mais qui seront les passagers de demain ?

Bon Secours, une hospitalité mouvementée : innovation sociale, échecs et réussites.

Nous voilà parti-es à la découverte d’un territoire en pente abrupte, devenu quartier à part entière bien après ses voisins la Belle de Mai et le Canet : une autoroute survolée par la traverse de la Mère de Dieu, un cimetière qui fut lieu d’accueil pour des familles arméniennes, un village poussé au pied du HLM (et pas le contraire), un centre social surnommé « des arabes et des gauchistes » ou encore un chef d’œuvre de charpentier pointant entre deux squats, en dessinent la poétique. 

Une cité aussi immense que désolée, un campement de Roms jamais accepté par ses voisins, un laboratoire de production qui tourne court… autant d’occasions ratées qui pèsent sur le présent et interrogent l’avenir de ce « bon » secours.

Image Saphir

L’hospitalité à Saint Antoine.

La balade est partie de la Gare de Saint Antoine à la découverte de quelques-unes des histoires d’habitants impliqués dans la coopérative Hôtel du Nord avec la Gare de Saint-Antoine (et la question des transports contribue de l’hospitalité d’un quartier), le récit patrimonial comme socle de l’hospitalité d’Hôtel du Nord (balades, produits, chambres, projets de territoire…), le cimetière comme première hospitalité, l’hospitalité à l’Hôpital nord, l’hospitalité des Baumes aux ermites, l’église des Antonins comme première histoire de « l’hospital », l’hospitalité du ruisseau des Aygalades comme vecteur de lien, de soin, de mémoire et d’engagement et l’hospitalité artistique à la Gare franche avant de finir par un verre de l’amitié avec le cubis surprise de Francis.

Image Charlotte Noblet

Les gestes d’hospitalité

A leur arrivée à La Fabulerie, chaque participant·e a reçu comme cadeau de bienvenue un exemplaire du hors-série de l’Echo-touristique « Comment faire une ville hospitalière« , une carte unique sur les hospitalités marseillaises ainsi qu’une boisson et un repas préparés par l’association Cultures sans frontière.

Le hors-série réalisé en coopération avec la revue L’Echo touristique et diffusé nationalement en libre accès réunit une quinzaine d’articles sur l’hospitalité en général et les hospitalités marseillaises en particulier.

Deux éditos du collectif Marseille hospitalitéS pour poser les enjeux en introduction et en conclusion et un édito de Linda Laine, rédactrice en chef de la revue.

Quatre récits de nos visites croisées racontées par Carine Delanoë-Vieux , Gilles Caire , Romain Morizot et Jeanne Chiche sur les hospitalités marseillaises.

Neuf tribunes sur les hospitalités publiées par les universitaires Saskia Cousin et Prosper Wanner entre 2022 et 2025.

500 exemplaires imprimés sur papier recyclé grâce à un financement participatif et offerts ce 4 juin aux participant•es de la première fresque des hospitalités marseillais

Le repas a été préparé par l’association de femmes de La Calade Cultures sans frontière.

L’association créée en 2019 a comme objet social la mise en place et la coordination d’activités culturelles pluri-générationnelles sur Marseille.

Le repas servit lors de la fresque des hospitalités marseillaises va financer « un séjour inoubliable » des mamans engagées dans l’association à la découverte de la capitale.

Image Prosper Wanner.

Les hospitalités marseillaises

L’après midi a été consacrée à l’écriture collective de la première fresque des hospitalités marseillaises.

Image Daphné Chaveriat

Le collectif Marseille hospitalitéS a partagé la trentaine d’enquêtes réalisées sur les hospitalités marseillaises : pèlerin, aidant, étudiant, pacifiste, congressiste, croisiériste, campeur, scout et jeannette, apprenti, réfugié, artiste, gens du voyage, demandeur d’asile, marin, ajiste, vacanciers, sportifs, villégiateur, touriste aisé, festivalier, mise à l’abri, jeune travailleur, saisonnier, patients, entrepreneur, intermittent, mineur isolé, randonneur, enfant en colo, supporter, cycliste, camionneur, écrivain, … soit déjà une trentaine de motifs de séjour à Marseille identifiés et documentés.

Les élu·es marseillais·es présent·es ont pu partager leurs actions hospitalières en matière d’innovation sociale (Eric Semerdjian), d’accueil des touristes (Jean-Pierre Cochet), d’accueil social (Audrey Garinot), d’accueil des nouveaux habitants (Sophie Roque), d’accès aux vacances (Marie Batoux), d’accès aux auberges de jeunesse (Hedi Ramdam) et d’urbanisme accueillant (Perrine Prigent).

Une quinzaine d’agents de la ville de Marseille était présents aux balades et aux ateliers ainsi que des agents l’Office du tourisme et des congrès de Marseille.

Image Daphné Chaveriat

80 cartes sur les hospitalités marseillaises

Pour la première fresque des hospitalités marseillaises, chaque participant·e a reçu à son arrivée une carte unique faisant état d’un constat ou d’un témoignage issus du processus d’enquête de Marseille HospitalitéS sur l’un des quatre thèmes transversaux : le premier accueil, l’accueil comme soin, l’accueil chez l’habitant et l’accueil collectif. Les dessins sont de Jeanne Chiche. Au total, 80 cartes uniques ont été imprimées et distribuées (voir toutes les cartes)

Dessin Jeanne Chiche

La première fresque des hospitalités marseillaises

Les six ateliers ont commencé par la lecture d’un message daté du 4 juin 2032 faisant état de tendances documentées dès 2025 : « Marseille le 4 juin 2032. Il s’est passé six ans depuis les dernières élections municipales. La ville est devenue plus hospitalière grâce aux engagements conjoints de la ville et de la société civile. Pourtant, je me demande si nous avons assez tenu compte des grandes tendances ? … « 

Image Romain Morizot

Chaque atelier a réalisé sa fresque des hospitalités marseillaises en lien avec son thème : le premier accueil, l’accueil comme soin, l’accueil chez l’habitant et l’accueil collectif.

Chaque fresque avait avec comme années de référence celle de 2020, date des dernières élections municipales et de sortie du confinement, l’année 2025, à la veille de nouvelle élections municipales, et celle de 2032, date des prochaines élections municipales.

A partir de la lecture commentée d’une carte ou d’une expérience personnelle, le groupe a renseigné la frise avec des constats sur ce qui avait déjà été fait, des propositions sur ce qui reste à faire – information, accompagnement transition, nouveaux projets – et des points de vigilance.

Récit de l’atelier sur l’accueil chez l’habitant·e

Une table où toutes et tous sont concerné-es par la nécessité d’étendre largement la notion d’hôte – double sens bienvenu de la langue française – l’accueil de pair à pair, chez soi ou sur son territoire (pour les personnes dont le « chez soi » ne permet pas d’accueillir).

Les interventions et témoignages y sont équilibrés, entre les accueils « loisir » et les accueils « d’urgence », par exemple l’accueil des mineurs non accompagnés, avec un souci particulier pour la charge mentale que cela représente et la nécessité d’être formé-e et accompagné-e.

Nous nous sommes projeté-es dans l’avenir avec une proposition simple et facile à mettre en place : en 2032 la Ville de Marseille connaît un grand succès avec ses « kits camping chez l’habitant-e » (raccordement eau et électricité, tente, douche solaire) fournis à toute personne acceptant d’accueillir des campeurs dans son jardin de ville.

Image Romain Morizot
Image Prosper Wanner

Les six fresques ont été restituées à l’ensemble des participant·es.

Dans l’été, l’ensemble des constats, propositions et points de vigilance documentés vont être regroupés au sein d’une unique Fresque des hospitalités marseillaises.

Dès septembre nous allons reprendre les visites croisées, les micro-enquêtes et décliner la fresque en une dizaine de propositions de politiques municipales hospitalières pour nourrir le débat des prochaines élections municipales à Marseille et ailleurs.

Cet événement a été réalisé en coopération avec La ville de Marseille, L’Office de Tourisme, des loisirs et des Congrès de Marseille, l’association CSF13 – Cultures sans frontière et La Fabulerie.

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