Le 26 février le collectif Marseille HospitalitéS s’est retrouvé à l’auberge de jeunesse de Bois Luzy pour une visite croisée sur l’accès aux vacances à Marseille afin de mieux comprendre ce qu’est le tourisme social, sa situation à Marseille et ses pratiques et gestes d’hospitalité.
Saviez-vous que Marseille était il y a un siècle la « Mecque des colonies de vacances » et que l’accès aux vacances pour toutes et tous y est encore possible dans la plus petite auberge de jeunesse de France, dans un camping boisé, dans un château de style Second Empire et sur l’île du Frioul?

Quoi de mieux que d’être accueilli à l’auberge de jeunesse de Bois-Luzy pour mieux comprendre ce qu’est le tourisme social à Marseille.
Cette rencontre, ouverte par une visite de ce lieu remarquable par Fouzia sa directrice, a réuni les membres de Marseille HospitalitéS et des acteurs et actrices de l’accueil et du tourisme social.

David Le Carré, délégué général de la Fédération des Auberges de Jeunesse a dressé le tableau d’un réseau international composé aujourd’hui de « 3000 établissements dans 59 pays pour plus de 3 millions de membres. 80 auberges de jeunesse sont en France où l’on compte 100.000 adhérents. »
« Le covid a fait beaucoup de mal mais les auberges tiennent le coup notamment grâce à un engagement politique » comme à Marseille où Fouzia précise que « l’auberge de jeunesse de Bois-Luzy voit son bail renouvelé pour 10 ans, c’est un geste politique fort de la Ville de Marseille ! ».

« Nous ne sommes pas la première idée des voyageurs »
Le manque de référencement et le marketing des plateformes font perdre le réflexe des auberges de jeunesse aux voyageurs. La majorité des personnes y viennent en groupe car l’offre y est adaptée et rare à trouver à Marseille.
Il faut populariser la réservation en direct pour éviter les frais des plateformes commerciales qui rognent les marges de 17 à 19% !
Les plateformes « ont surtout généré des déviances de comportement des voyageurs avec l’idée que l’on pourrait arriver à n’importe quelle heure, avec un boitier, ce qui fait oublier que les personnes qui y travaillent ont aussi une vie. »
Et parfois les touristes étrangers sont surpris de devoir payer l’adhésion annuelle « qui permet en partie aux lieux de vivre ! ».

Un tourisme autrement

« Visiter une ville peut aussi passer par aller voir les actions d’une association locale, aller sentir l’ambiance d’un mariage comorien chaque dimanche ! » raconte Charlotte du QG Marseille, la plus petite auberge de jeunesse de France récemment implantée dans les quartiers Nord de Marseille.
« Les croisiéristes découvrent une Marseille qui n’est pas la nôtre? ». Venir en auberge de jeunesse c’est « aller à contre-courant de la tendance d’individualisme assez général dans la com du tourisme » qui à tendance à favoriser les courts séjours entre soi.
Le QG Marseille est d’ailleurs un lieu d’accueil des associations du quartier, du voisinage, de travailleurs et travailleuses qui viennent en séminaire qui peuvent ainsi croiser des touristes.
La multiplicité des publics impose de « bien connaitre son territoire, d’être en relation avec les acteurs du territoire car les visiteurs ont des besoins différents. Ne pas hésiter non plus à impliquer les locaux pour présenter leur ville, c’est très valorisant pour les habitants et notamment pour les jeunes de voir que des personnes viennent dans leur quartier ».

Quitter Marseille et aller au Frioul

Pour les groupes il y a aussi une autre option d’hébergement collectif sur l’île du Frioul.
Le centre de vacances des Gréements Léo Lagrange, construit en 1983, accueil les classes de mer de beaucoup de jeunes marseillais·es. C’est une propriété de la ville qui offre 154 lits dans 11 bungalows. Et elle a toujours autant de succès !

« L’hospitalité n’est pas un simple geste d’accueil » « Au Frioul : 5000 personnes par jour juillet à août, il y a une réelle différence avec les autres saisons beaucoup plus calme, voire désertes. » Alors l’établissement est également au service des résident de l’île avec des équipements mis à disposition et une fonction d’accueil social.

Lorsqu’encore 40% des français ne partent pas en vacances, il faut savoir accueillir les personnes qui partent pour la première fois. Un travail est alors mené en amont des séjours pour s’adapter aux personnes et répondre à leurs interrogations et attentes (Observatoire des inégalités, juillet 2024, Départ en vacances).
Les établissements Léo Lagrange accueillent des personnes d’horizons très différents avec des colonies de vacances, des familles, des salariés via les Comités d’entreprises mais également des femmes battues, des personnes en situation de handicap ainsi que les résidents lorsque des spectacles sont organisés.
Vacances et handicap : « Il y a la volonté, mais dans les faits c’est plus compliqué car cela nécessite de faire des travaux et cela dépend souvent des villes et des budgets ».
C’est d’ailleurs le cas à Bois Luzy où les travaux ont été fait pour permettre l’accueil des fauteuils en installant un ascenseur et en réaménageant l’espace.
Il est à noter que le tourisme social crée 15 emplois directs et indirects pour 100 lits, lorsque le tourisme classique n’en crée que 6. L’intérêt est donc également économique pour le territoire.

Nous avons parlé camping, colonies de vacances, accueil social, voyage en auberge de jeunesse, classement, inégalités sociales, archives, réconfort, mixité sociale, écologie, voisinage, hospitalité. Nous avons collecté des pratiques, des gestes d’hospitalité et des récits sur qui a accès aux vacances à Marseille et sur comment le tourisme social favorise l’hospitalité à Marseille.
Nous avons fini par un échange convivial autour d’un repas partagé en se donnant rendez-vous le 4 avril sur l’île du Frioul pour travailler des propositions concrètes pour Marseille.












Commentaire sur “Visite croisée à Bois-Luzy sur le tourisme social”