Visite Croisée à Jane Pannier sur l’accueil social

Le 26 mars le collectif Marseille HospitalitéS s’est retrouvé au Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile Jane Pannier. Cette rencontre était la troisième du genre et a permis d’échanger sur les enjeux du premier accueil à Marseille. Les citations choisies de cet article vous permettront de mieux comprendre la situation des personnes en grande précarité qui arrivent et des pratiques et gestes d’hospitalité réalisés pour les accueillir.

16.000 personnes ont au moins dormi une fois à la rue à Marseille en 2024. Entre 2016 et 2019 la part des mineurs à la rue a doublé tout comme le nombre de personnes ayant recours à un hôtel. Depuis février 2021 la ville de Marseille est adhérente à l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants (ANVITA) : des territoires engagés pour un accueil inconditionnel.

Dessin Jeanne Chiche 2025

Cette rencontre s’est passée dans la cuisine du CADA Jane Pannier et a réuni les membres de Marseille HospitalitéS et des acteurs et actrices de l’accueil social. 

Le CADA Jane Pannier a une capacité d’accueil de 85 places dont 30 adaptées pour accueillir des personnes à mobilité réduite.

Depuis ses origines en 1919, l’association Maison de la jeune fille Jane Pannier a comme projet de prendre soin des femmes les plus vulnérables et les accompagner dans la recherche de solutions durables, en vue d’une réelle insertion dans la société.

Dessin Jeanne Chiche 2025

« Nous accueillons une centaine de personnes par an dans nos appartements pour personnes à mobilité réduite PMR. L’accueil est compliqué car on ne sait jamais quand les personnes en demande d’asile seront convoquées à Paris, ni quand elles obtiendront le statut de réfugié.

Et maintenant, nous avons beaucoup de mal à trouver un logement pour les personnes ayant obtenu le statut de réfugié : nous demandons un plan logement de toute urgence.« 

Christine Ponsin, Cheffe de service au CADA Jane Pannier

Dessin Jeanne Chiche 2025

« La direction des solidarités est une direction qui est nouvelle.

On est le seul SAMU social municipal de France. Depuis 2020 il existe des bains douches publics à Marseille, gratuits, qui sont ouverts tous les matins et qui accueillent de manière inconditionnelle.

Parmi les personnes que l’on va rencontrer en rue, mais également en squats et en bidonvilles, des populations qu’on oublie souvent parce qu’elles sont moins visibles, il y a énormément de personnes qui viennent d’arriver ou sont arrivées récemment à Marseille. »

Gabriel Visier, Direction des solidarités et de l’action sociale à la Ville de Marseille.

Dessin Jeanne Chiche 2025

« Nous faisons deux maraudes par semaine autour de la gare Saint-Charles et nous aimerions reprendre nos permanences d’accueil mais nous n’avons plus de local depuis la fermeture de Coco Volten.

Mais le plus terrible c’est de ne pas savoir ce que deviennent les personnes rencontrées dans la rue : sont-elles parties? En prison? Mortes à la rue? Nous souhaiterions un observatoire pour les personnes à la rue. »

Claire Aussilloux, Un coup de pouce aux migrants.

Christine, CADA Jane Pannier
Gabriel, Ville de Marseille.
Claire, Un coup de pouce aux migrants
Dessin Jeanne Chiche, 2025

« Nous avons développé un outil qui peut être repris par d’autres villes : QX1.org

Sur le site, vous trouverez une carte avec les services utiles à Marseille pour les personnes migrantes, des témoignages audio en différentes langues et une cartographie avec les pays d’origine des personnes migrantes.

Notre nom, QX1, ça vient du Code International de Signaux Maritimes. C’est la réponse du port au bateau qui arrive : vous avez l’autorisation de poser l’ancre. Welcome! »

Marta Stalla, QX1 welcome map Marseille

Dessin Jeanne Chiche, 2025.

« Notre dispositif est consacré à l’hébergement citoyen de personnes réfugiées. Nous accompagnons la mise en place de chaque cohabitation avec des rencontres entre accueillant·es et accueilli·es avant emménagement.

On recense 1,2 millions de chambres d’ami·es en France et pourtant, nous peinons à trouver des accueillant·es. Nous portons un plaidoyer au niveau national au sein de la Coalition contre la gaspillage immobilier« .

Ariane Peugnet, Dispositif J’accueille de SINGA.

Dessin Jeanne Chiche, 2025.

« Le Réseau Hospitalité s’inspire des États-Unis où des sanctuaires assurent un accueil inconditionnel.

A New York par exemple, les sans-papiers ne peuvent pas être arrêtés dans la rue. En France l’inconditionnalité est inscrite dans les lois. Réseau Hospitalité rappelle donc à l’État sa responsabilité.

En ce moment, la dématérialisation de l’ANEF (Administration Numérique des Étrangers en France) pose de gros problèmes : le logiciel refuse les personnes déboutées de l’asile : l’inconditionnalité n’est pas respectée.« 

Françoise Rocheteau, Réseau Hospitalité

Marta, QX1 welcome map Marseille
Françoise, réseau Hospitalité
Extrait du livret de l’AUP : Notre démarche d’asile. Pièges et expériences.

Alieu Jalloh nous a présenté le roman-photo de l’association des usagers de la structure de Premier d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (AUP) qui entend aider les éxilé·es dans leurs démarches, face à l’administration et à ses mécaniques.

L’association tient des permanences juridiques et d’aide à la rédaction au récit dans plusieurs lieux associatifs de Marseille.

Nous avons partagé les maraudes des bénévoles de Un coup de pouce aux migrants à la gare Saint Charles, les batailles juridiques du Réseau Hospitalité 13 pour le respect du droit, les récits cartographiques multilingues de bienvenue de QX1 welcome map Marseille, l’accueil chez soi du réseau Singa, l’accessibilité aux personnes porteuses de handicap du CADA Jane Pannier, les partenariats de la direction des solidarités et de l’action sociale de la Ville de Marseille, les outils de l’association des usagers de la PADA tout comme les épuisements et espoirs de chacun·e.

Nous avons fini par un échange convivial autour d’un repas partagé en se donnant rendez-vous le 4 juin pour travailler des propositions concrètes pour Marseille.

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